Pourquoi je soutiens le projet de réalité mixte

A l’heure des remerciements, du bilan des Transmusicales en réalité mixte et des concerts RL/SL par nos amis Hugobiwan et Slyan, me vient l’envie de faire le mien, mon bilan. Puisque mon site est – encore – en développement, je prends la liberté d’utiliser l’espace du MetaLab 3D pour exposer ma réflexion. Également car le sujet n’est très éloigné du fil d’Ariane de notre laboratoire.
Voici donc deux ans que la Ville de Rennes et les Transmusicales (en partenariat avec le MetaLab) expérimentent des interactions temps réel entre un espace physique et un espace numérique. Voici deux ans que je participe à ce projet.

Utilisateur de Second Life, je me suis émerveillé devant la table blanche surmontée d’un grand écran grâce auquel je voyais mes amis « SLien » ; l’espace de réalité mixte à Rennes était imposant ! Micros en place, casque sur les oreilles, la conversation pouvait commencer. Je retrouvais alors les amis avec lesquels j’avais travaillé, répété et discuté les précédentes nuits.



Mais le temps de cette conversation, j’ai également perçu des regards interrogateurs, des sourires du coin des lèvres, des sourcils oscillatoires. Non pas des personnes du projet, mais des individus déambulant dans le village des Trans, à Rennes. Ces réactions, « ces convulsions symptomatiques du rejet de la figure du geek », se retrouvèrent pendant les concerts. J’aurais aimé (et pourquoi pas lancer l’idée pour la prochaine édition des Trans ?) être dans le public, au plus près des gens, pour percevoir leurs réactions, leurs interrogations.

Ne mettons pas d’œillères, nous y gagnerons tous, et admettons que pour festivalier lambda, il n’est pas aisé de percevoir l’utilité, l’intérêt d’un tel dispositif : « Pourquoi des gens viennent dans Second Life pour assister à un concert depuis chez eux ? Pourquoi retransmettre dans la salle, on s’en fou, nous ? En plus c’est moche ! ». Alors oui, comme on me l’a demandé, pourquoi mettre tant d’énergie, de temps et d’argent dans un tel projet ?

La première réponse pourrait être celle d’OB, celle qui regarde en surface, qui n’ose pas gratter la matière pour comprendre sa constitution, sa diversité et sa complexité. Une autre, pourrait être celle qui gratte, qui décortique et qui examine chaque entité avec un microscope. Le travail n’est pas le même, convenons-en, mais ce n’est pas de Second Life dont il est question, mais de l’approche même du sujet. Alors la question de fond n’est pas de savoir si cela « vaut le coup pour 60 avatars », la question devient relative face à la posture à adopter. Il y a celle qui reprend la figure du geek, « dans le silence de son salon, percé du crachotement de ses petites enceintes d'ordinateur, on imagine l'internaute. Une pizza sur les genoux, devant un poster de Kill Bill et dans une pièce qui embaume le parfum d'ambiance à la lavande », qui ne fait pas face à son incompréhension, et qui essaye d’y répondre en se retranchant derrière les préceptes collectifs les plus simples, celle qui est symptomatique face à la figure du geek… Et puis, il y a celle qui propose un chemin bien plus long, mais tellement plus intéressant, celle qui questionne et qui essaye de comprendre le substrat de toute cette matière.

Je ne fustige pas le travail d’OB, je ne place pas les différentes approches sur une échelle de gratification. Je commence une thèse et je conçois tout à fait que le travail de journaliste n’est pas celui de chercheur, mais il n’est pas non plus, à mon sens, celui du cliché, du raccourci, du jugement hâtif. Le point de vue de chacun est respectable, à partir du moment où il est argumenté. Encore une fois, je ne dénigre pas le travail journalistique mais il est simplement pénible de devoir lire, quotidiennement, des erreurs, aberrations, et des partis pris promptement assumés, avant même d’avoir mis le « nez dans le sujet ».

En conclusion, je comprends pleinement les interrogations de chacun et le scepticisme collectif relatif à une telle initiative. Mais si je soutiens pleinement ce projet, et si j’en suis acteur, c’est car Rennes et les Transmusicales fournissent un terrain d’expérimentation et d’observation d’une richesse inestimable pour se prémunir des clefs de compréhension et d’actions nous laissant espérer saisir, du moins approcher, la complexité des défis qui se présentent aux générations à venir.

Gehan Kamachi

1 commentaires:

19 décembre 2008 à 15:01 Gehan Kamachi a dit…

Cet article nécessiterait une approche encore plus précise (ça viendra), mais je voulais juste réagir face aux différentes visions et le problème lié au reportage d'envoyé spécial sur facebook est lié. Je voulais donc en faire mention

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