MetaLab 3D : du blog de veille au projet d’expérimentation collective

Quels usages des mondes virtuels par les acteurs publics des territoires réels ?

Le développement des mondes virtuels persistants fait apparaître un potentiel d’usages inédits pour les territoires réels. En creux de l'élargissement du cyberespace, s’ouvrent en effet de nouveaux champs de possibles pour « augmenter » l'espace physique. De nombreuses démarches vont dans ce sens comme en atteste l'accroissement des simulations de territoires réels dans Second Life. Mais dans ce domaine, qui cherche à lier territoires réels et virtuels, tout reste à inventer. Il s’agit alors de chercher à exploiter les capacités offertes par les plates-formes de production d’univers 3D personnalisables telles que Second Life pour construire les préfigurations expérimentales des CyberTerritoires de demain.


Le projet : un laboratoire pour les acteurs publics territoriaux

Le MetaLab 3D est un laboratoire, collectif et public, qui vise à coordonner et à accompagner la dynamique d'action territoriale en mutualisant les différentes initiatives. Le but est de créer un lieu d’exploration et d'expérimentation pour imaginer et réaliser les usages des territoires physiques dans les univers persistants. L'enjeu, face à l'accroissement des utilisations privées, consiste à positionner, clairement et fortement, les territoires publics dans une démarche conjointe de prospection et d'action. Les moyens collectifs proposés par le MetaLab 3D se situent sur ces deux plans.

Une veille active sur les univers persistants

Un blog de veille (1), relatant les différentes initiatives dans les mondes persistants, a été créé pour réunir une information ciblée sur cette problématique. Dans ce cadre, une carte des territoires réels simulés dans Second Life (2) a été réalisée. Elle vise à répertorier les lieux réels - monuments, quartiers, villes, régions, pays, etc. - portés par des acteurs publics officiels ou par des initiatives privées. Cette recherche a pour but de proposer des connaissances sur les projets existants afin de rendre efficace les expérimentations publiques.

Un simulateur public mutualisé

Le MetaLab 3D s'envisage comme un point de convergence pour les initiatives des territoires publics français. Une île a été acquise par ARTESI Ile-de-France auprès de LindenLab, l’éditeur de la plate-forme Second Life. Cette île (3), co-animée en partenariat avec la ville de Rennes, est une « infrastructure neutre » ouverte aux projets et expérimentations des acteurs publics territoriaux. Elle mutualise des outils et équipements collectifs, tels que l'aire d'accueil et d'orientation, l'espace de ressources et de démonstration, le bac à sable pour l’initiation à la construction, la salle de conférence ou encore la salle de réunion, etc. Mais au delà de l'espace commun, des parcelles dédiées permettent à chaque territoire d'entreprendre des actions personnalisées en s'appuyant sur les droits que confèrent le statut de « propriétaire » d'une parcelle de terrain.


Présentation du MetaLab3D

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Les équipements de l'île du MetaLab3D en vidéo




Les expérimentations d'usages

De nombreuses voies sont ouvertes pour ancrer et hybrider l’action publique territoriale dans les univers persistants. Parmi les pistes à explorer, nous pouvons citer, entre autres exemples, la concertation de proximité pour l'aménagement urbain, le développement de démarches administratives et de services publics virtualisés, la création de nouvelles activités pour les usagers et les animateurs des espaces publics numériques, la mise en place de services cartographiques en 3D, la modélisation touristique et la valorisation du patrimoine, la mise en place d’espaces virtuels pour le travail collaboratif à distance, la promotion des entreprises pour le développement économique, l'ouverture aux établissements éducatifs pour l'enseignement et la formation, la diffusion d'événements et de manifestations dans une logique « multiverse » couplant réel et virtuel.

Cette liste ne peut pas être exhaustive car tout reste à imaginer … Imaginer pour faire, car la validation de la pertinence des usages passera nécessairement par l’expérience.


Quels usages pour les acteurs publics des territoires réels ?

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Pour résumer, le MetaLab 3D pour les CyberTerritoires est donc un « incubateur » qui vise à faciliter l’émergence d'un véritable « espace public » au sein des univers virtuels. Il s’appuie sur l’intelligence et la mobilisation collective des acteurs territoriaux pour définir et exploiter la palette des usages possibles au travers de la réalisation effective de projets à visée publique. De fait, nous sommes dans l’attente de vos propres propositions d’initiatives pour que la construction de ce nouveau « nouveau monde » soit une construction partagée.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL)

Un formulaire est à la disposition des acteurs territoriaux pour leur permettre de s'identifier et de proposer leur projet >> accéder au formulaire

(1) Accès au blog de veille du MetaLab 3D

Nous avons les honneurs de SLO :)


SLObserver est sans doute le site de référence en langue française sur les actualités de Second Life. Ce webzine exemplaire a publié un article signalant notre existence et celle de notre carte mondiale des territoires réels simulés dans SL...une aubaine pour nous :)

Merci à Wolkam et toute l'équipe de SLO !

Hugo

L'évolution d'internet selon IBM

Ce schéma issu de la recherche d'IBM, qui s'investit de plus en plus dans les mondes virtuels et en particulier dans Second Life, décrit un processus d'évolution en trois étapes : du web 1.0 au web 3d en passant par le web 2.0 ...

"Diplomacy Island" ou la politique internationale au rendez-vous de Second Life

Cette île sur SL, inaugurée le 22 mai dernier, vise le développement de la diplomatie virtuelle. On peut y voir représentées les ambassades des Maldives, des Philippines et de la Macédoine. Mais cette démarche ouvre aussi à des usages mutualisés qui dépassent le simple échange entre les officiels des pays.


Diplomacy Island propose en effet une « Virtual Diplomatic Academy » qui donne des cours de diplomatie, avec des spécialisations environnementales, en diplomatie énergétique et en cyber-diplomatie. Nous pouvons aussi trouver sur cet espace un musée et d’un village qui propose des tables rondes et des conférences.
C’est donc avant tout un usage public qui est fait de cette île, pour la démocratisation d’un domaine réservé jusqu’alors à une minorité.

Pour visiter Diplomacy Island :
http://slurl.com/secondlife/Diplomacy%20Island/122/91/25

Dans la même lignée, l'ambassade virtuelle de Suède propose une représentation diplomatique, nommée "Second House of Sweden". Mais le terme "d'ambassade" ne correspond pas tout à fait car il s'agit plus d'un portail d'information sur le pays. C'est un outil de promotion de la culture suèdoise mais aussi de son industrie : on peut en effet s'assoir sur des fauteuils Ikéa.

Le lien vers l'île Second House of Sweden :
http://slurl.com/secondlife/Swedish%20Institute/59/206/30

Projets éducatifs sur Second Life

L'école entre contenu explicite et enjeux commerciaux

Après une large couverture médiatique de l'utilisation politique du monde virtuel persistant qu'est Second Life, est venue la question de ses potentiels éducatifs. Il s'agit de savoir s'il peut devenir un monde pédagogique à part entière. Ce créneau semble de prime abord exclu par le caractère "adulte" de la simulation. Si SL est interdit au moins de 18 ans comment peut-on concevoir une utilisation pédagogique, non pas seulement au niveau de l'age des récepteurs – car beaucoup d'étudiant sont majeurs – mais avant tout sur le principe de fond qui régit cet espace ? C'est en effet un point de vue que l'on a pu retrouver lors du reportage du JT de France 2 du 16 juin 2007. Celui-ci relatait sous le titre : “le site virtuel Second Life propose aussi des images pornos“, la plainte faite par l'association Famille de France contre Linden Lab, créateur de la simulation. Cette association demande en effet que le site ne soit pas accessible aux mineurs, car il suffit pour l'instant d'entrer une date de naissance pour attester de sa majorité.
Mais ce monde persistant reste finalement sur la même ligne que le web avec des sites pornographiques qui certifient la majorité de l'utilisateur par un simple clic. Demeure la possibilité du référencement des sites spécifiques qui permet le contrôle parental. Il est tout à fait concevable que Linden Lab puisse appliquer ce contrôle, configuré à partir de l'application, d'autant plus que les zones "mature" y sont déjà spécifiées. Avant tout, le fait qu'Internet inclue du contenu interdit au mineur n'en a pas fait pour autant un support décrié et rejeté par les familles dans l'enjeu éducatif, bien au contraire. Le problème reste donc celui d'une communication d'envergure sur des actions pédagogiques concrètes dans Second Life. C'est l'une des conditions de l'acceptation de ce support par le grand public.


Or justement de nombreux projets ont été réalisés ou sont en réalisation dans ce sens. Dans le monde près de cent universités se sont déjà pliées à l'exercice dont, pour les plus prestigieuse Harvard, Stanford ou encore Berkeley. Actuellement en France seul l'Insead et l'Institut Ingémédia se sont implantés sur Second Life suivis de près par l'ENST Bretagne qui inaugurera son campus virtuel le 25 juin. Mais qu'en est-il de la valeur de l'outil pédagogique proposé par ces écoles quand Second Life reste avant tout un moyen de communication commercial ou politique ? N'est-ce pas plus un moyen de vendre une école privée ou une université, quand on sait que le coût de la création d'une île virtuelle équivaut celui d'une annonce publicitaire dans un magazine ? D'autant plus que Second Life confère l'image d'une école à la fois moderne et innovante pour le public visé, à savoir de jeunes étudiants.

C'est à cette frontière que nous pouvons démarquer les véritables politiques éducatives d'une simple recherche d'audience publicitaire, même si ces logiques ne sont pas forcement contradictoires. Or l'Insead, l'institut Ingémédia et l'ENST Bretagne se placent précisément dans le développement d'outils pédagogiques novateurs, visant à accroître l'interactivité entre enseignants et élèves. En effet l'un des buts recherchés est l'amélioration des échanges et le retournement de la linéarité des informations, notamment pour l'enseignement à distance. Cela permettrait par exemple à un étudiant en France de suivre une partie de ses cours dans une université étrangère à l'autre bout du monde. C'est ici des diplômes hybrides qui verrait le jours, ouvrant la possibilité à une véritable personnalisation des parcours. Second Life permettrait aussi de faire sortir l'école de son cadre en ouvrant la rencontre avec les entreprises – qui sont d'ailleurs déjà présente sur la "grille". La rencontre des acteurs du domaine ne serait plus limitée par la barrière de l'espace et du temps, incarnée par la nécessité des déplacements et le surbooking des agendas.

Second Life ouvre donc des portes pédagogiques en tant que moyen et outil éducatif mais aussi comme un objet en lui-même. En effet ce monde multi-utilisateur, qui permet l'émergence de nouvelles pratiques collaboratives, est un terrain de recherche sociale en expansion permanente qui demeure inexploré.

Virtual Paris 2007

Avec une couverture médiatique très forte, les univers virtuels sont à la mode. Face à cette très forte exposition, les deux univers emblématiques de Second Life et World of Warcraft fascinent autant qu’ils déroutent. Loin du brouhaha médiatique, ce séminaire a pour objectif de vous livrer toutes les clés pour mieux appréhender et exploiter ces nouveaux territoires de communication.

> http://www.virtualparis2007.com

La carte des lieux et territoires réels simulés dans SecondLife



Cette carte vise à répertorier les lieux et territoires réels (monuments, quartiers, villes, régions, pays, etc ...) représentés dans Second Life.

Les marqueurs rouges indiquent les projets de simulation portés par des acteurs publics officiels. Les marqueurs verts indiquent les projets incubés ou alliés du metalab 3D. Les marqueurs bleus indiquent des initiatives non-officielles, individuelles ou collectives, mises en oeuvre par des résidents.

Pour un plus grand confort de visualisation, vous pouvez également consulter la carte en grand format. Pour nous aider à compléter et à mettre à jour cette carte, vous pouvez nous signaler tout nouveau lieu à intégrer en utilisant les commentaires de ce billet ;-)